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Trois techniques de semis de maïs qui se démarquent Un semoir Tempo Väderstad modifié pour plus de polyvalence

Boris Boudeau et Julien Cheminant ont choisi de modifier l’interrang à 65 cm afin de conserver une voie de l’ordre de 2 m sur le tracteur et le pulvérisateur.

La Cuma La Belle Saison, en Vendée, s’est dotée d’un semoir Rapid Tempo de Väderstad que les adhérents ont modifié pour travailler à 65 cm d’interrang. Un écart jugé plus compatible avec la voie des pulvérisateurs que le standard à 75 cm. Le semoir est également équipé pour des apports d’engrais solides et liquides afin de booster les plantes au démarrage.

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Début avril 2024, en attendant le retour du beau temps, Boris Boudeau, de la SCEA Les Boudauderies, et Julien Cheminant, du Gaec Valoris, finissent de préparer le semoir Rapid Tempo T7 de Väderstad. Tous deux sont adhérents de la Cuma La Belle Saison, à Saint-Germain-de-Prinçay (Vendée), qui a investi dans ce matériel à l’automne 2022. « Il est surtout utilisé par trois exploitations du groupe, principalement pour le colza, le maïs et le tournesol, commente Boris Boudeau. Chez moi, je m’en sers aussi pour implanter des pois chiches et des betteraves potagères destinées à la production de semences. Le semoir est équipé en sept rangs, distants de 65 cm chacun. Ce n’est pas un écart très courant, mais nous avons jugé cela plus pratique pour passer ensuite dans la culture pour les traitements. En effet, avec un semoir standard à 75 cm, il faut adapter les voies du tracteur et du pulvérisateur traîné, mais le choix est limité : soit 1,50 m, ce qui est souvent trop étroit et pas assez stable, soit 2,25 m. Dans ce cas, cela implique d’utiliser des élargisseurs de roues. Avec notre écartement à 65 cm, un matériel en voie standard, à 1,95 ou 2 m, passe sans problème. Cela convient ainsi à tous les utilisateurs, quels que soient le tracteur ou le pulvérisateur utilisé. »

Quatre cuves, connectées deux à deux, ont été placées en hauteur sur le semoir. Elles stockent les solutions d’engrais liquide destinées à booster le démarrage de la culture. (© D.L. )

Poutre rallongée

Le châssis du semoir était initialement prévu pour recevoir sept éléments distants de 60 cm. Il s’agit d’un modèle télescopique qui se déploie de chaque côté pour passer du mode transport à la configuration champ. Pour élargir l’interrang à 65 cm, les adhérents de la Cuma ont donc rallongé la poutre principale d’une dizaine de centimètres de chaque côté.

La poutre principale du semoir a été rallongée d’une dizaine de centimètres de chaque côté pour passer d’un écartement initial de 60 cm à un interrang de 65 cm. (© D.L. )

Cela impliquait aussi de décaler la fixation du vérin et la position des butées. Disposer d'un écartement de 65 cm n’était pas le seul motif de ce choix. Les agriculteurs souhaitaient aussi un appareil pouvant travailler aux alentours de 10 ou 11 km/h sur différents types de préparations : labour ou travail simplifié, voire parfois semis direct. Grâce aux chasse-débris et au semis à disque, chaque exploitant s’adapte ainsi aux conditions météorologiques, au type de sol et à ses objectifs. Les roues de jauge des éléments semeurs ont été remplacées par des « bandages Martin ». Il s’agit d’un équipement spécifique qui s'avère utile dans les terrains argileux ou les limons battants. En effet, avec son diamètre réduit du côté intérieur, ce type de roue ne tasse pas le sol sur les quelques centimètres qui bordent le sillon. La terre fine est conservée, facilitant ainsi le travail des roulettes arrière lors de la fermeture du sillon.

La roue de jauge d’origine a été remplacée par un bandage Martin. L’intérêt ? Le diamètre réduit du côté intérieur évite de trop tasser la ligne et facilite ainsi la fermeture du sillon. (© D.L. )

Fertilisation localisée

Les adhérents de la Cuma ont également beaucoup réfléchi à la fertilisation localisée. Le semoir est donc systématiquement associé à une trémie placée à l’avant du tracteur et divisée en deux compartiments. Ils utilisent généralement un engrais starter 18-46 d’un côté, associé à du sulfate de potassium de l’autre. Les granulés se mélangent dans la distribution pneumatique et sont déposés en terre à 5 cm de profondeur et à 5 cm du rang par une rangée de disques enfouisseurs à l’avant du semoir. En complément de cette fertilisation solide, ils peuvent également apporter deux solutions d’engrais liquide. La première est de type 14-48, la seconde à base de thiosulfate de potassium. Pour cela, ils ont installé quatre cuves, connectées deux à deux et posées sur un support spécifique en hauteur. La distribution est assurée par deux pompes doseuses indépendantes. « L’objectif de cette fertilisation liquide supplémentaire est de créer un effet boost au démarrage de la culture en plaçant l’engrais au plus près des graines, précise Julien Cheminant. Comme les deux solutions ne sont pas compatibles entre elles, il fallait obligatoirement les stocker dans des cuves séparées sur le semoir. Le mélange se fait au tout dernier moment quand les deux circuits se rejoignent, avant le dépôt au niveau du sillon. Nous avons investi pour cela dans des équipements spécifiques qui enfouissent le produit liquide sur trois petites bandes : l'une dans le fond du sillon et les deux autres en latéral, à 2 cm environ de chaque côté de la graine. Pour le maïs, nous ajoutons un produit à base de zinc, en mélange avec la solution de 14-48, car, sans cet élément au démarrage, la plante serait en carence. »

Les deux solutions liquides arrivent séparément via deux circuits qui se rejoignent au dernier moment. Le mélange est ensuite réparti sur les trois sorties de l’enfouisseur. (© D.L. )
Les enfouisseurs d’engrais liquide sont fixés à la place de la descente du microgranulateur. Le triple jet dépose la solution minérale dans le sillon et sur deux bandes de chaque côté. (© D.L.)

Ces enfouisseurs sont des modèles FurrowJet de la société Precision Planting. Au départ, le vendeur avait indiqué aux adhérents de la Cuma qu’il n’avait pas de support adapté pour fixer ces accessoires sur le semoir. En cause : la distance trop courte entre la roue plombeuse et les deux roulettes refermant le sillon à l’arrière de la machine. Mais, déterminés et imaginatifs, ces deux agriculteurs ont trouvé une solution fiable en créant un support sur mesure, qui se fixe au niveau de la descente du microgranulateur.

Gestion automatisée

Avec les cuves et les trémies remplies, le semoir affiche une autonomie d’environ 8 ha. Le poids des cuves recevant les solutions d’engrais liquide représente près de 1 t supplémentaire. L’ensemble est attelé à un tracteur John Deere 6830. Avec ces différents équipements, le chauffeur a quatre consoles de contrôle en cabine : trémie frontale, pompes doseuses pour l’engrais liquide, semoir et guidage. Mais, une fois chaque élément mis en route, le fonctionnement est géré automatiquement par un palpeur au niveau du relevage. La Cuma s’est également dotée, l’an dernier, d’une bineuse correspondant au semoir. « Je l’ai utilisée sur une quarantaine d’hectares de colza à l’automne 2023, ce qui m’a permis de faire l’impasse sur le désherbage au Belkar à l’automne », explique Boris Boudeau. Pour la récolte du maïs, les adhérents ont investi dans un cueilleur Capello à sept rangs. Seul ce constructeur était en effet en mesure de leur proposer un modèle avec un écartement de 65 cm. Pour le tournesol, la récolte est effectuée avec une coupe standard de marque Poget.

Après 18 mois de fonctionnement, les deux utilisateurs s’estiment plutôt satisfaits de leurs adaptations : « Le matériel fonctionne comme nous l’imaginions, et, grâce aux systèmes de fertilisation localisée, les levées sont régulières et rapides. En maïs, l’écartement réduit à 65 cm entre rangs a des conséquences bénéfiques : les plantes occupent mieux le terrain et valorisent bien l’humidité du sol. De plus, l’interrang se referme plus vite, ce qui réduit le développement des adventices. »

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